Les enjeux liés à la qualité de l’air pendant la pandémie COVID-19
La qualité de l’air est un sujet de santé public depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, avec le confinement en raison de la pandémie COVID-19, des observations sont faites partout dans le monde sur l’impact positif sur l’environnement et particulièrement la qualité de l’air. Qu’en est-il réellement ? Quels sont les enjeux sanitaires liés à la qualité de l’air mis en perspective avec la crise actuelle ?
Ce premier article sur le sujet permet de faire un état des lieux de la pollution de l’air en période de confinement et constater l’impact que celle-ci peut avoir sur la propagation du virus.
État de la pollution extérieure en période de confinement
Depuis le début du confinement, le trafic routier a largement baissé permettant d’améliorer de manière importante la qualité de l’air extérieur. Les concentrations en dioxyde d’azote partout dans le monde ont fortement diminué ainsi que les émissions de particules liées aux phénomènes de combustion.
Cependant, nous ne pouvons pas affirmer que la qualité de l’air est meilleure partout et tout le temps car d’autres sources perdurent.
Les industries ont fortement ralenti leurs activités mais pas toutes : certaines continuent de fonctionner émettant dioxyde de carbone, particules et autre gaz dans l’air. Les émissions liées aux épandages agricoles printaniers (fumier/lisier et engrais azotés) contribuent également à la pollution actuelle ainsi que le chauffage les jours froids et le brûlage des déchets verts, ce dernier point est d’ailleurs interdit. Enfin, la circulation maritime est fortement ralentie également mais des émissions persistent au niveau des ports et en zone côtière. La météo joue également un rôle important sur la qualité de l’air extérieur.
Des pics de pollution printaniers sont observés depuis le mois de mars sur l’Europe. Cette pollution est liée à la présence de particules fines dans l’air composées de nitrate d’ammonium, et ponctuellement les particules sahariennes. La météo joue un rôle important dans ces phénomènes de pollution printanière : fort ensoleillement, inversion thermique et faible vent favorisent la stagnation des polluants à l’endroit de leur émission mais également la formation de nouvelles particules par réactions photochimiques (particules secondaires).
Source : Ademe – Agence de la transition écologique.
La qualité de l’air dans son logement
La qualité de l’air intérieur est également impactée par cette situation de ralentissement de l’activité économique et industrielle. Nous passons toute la journée dans notre logement donc l’air y est crucial pour notre santé.
L’exposition aux polluants est multiple : produits ménagers, meubles, cosmétiques, etc. Les émissions liées aux activités de cuisine, ménages sont plus importantes puisque nous passons plus de temps et cuisinons tous les repas. La cuisson des aliments émet de l’eau, du dioxyde de carbone et des particules dans notre logement.
Le printemps est une période délicate pour les personnes asthmatiques et allergiques. La France est en pleine période de pollinisation d’après le Réseau national de surveillance aérobiologique. Les conditions météorologiques douces et ensoleillées favorisent l’émission de fortes concentrations. Les pollens sont présents dans toutes les régions et sont irritants pour les voies respiratoires.
La ventilation mécanique contrôlée, appelée communément VMC, joue un rôle clé dans la qualité de l’air de son logement. Souvent mal dimensionnée et entretenue, l’air peut être mal renouvelé. Si elle fonctionne correctement, elle doit permettre un renouvellement d’air d’un volume par heure soit 24 volumes par jour. La VMC est installée dans les pièces de services (cuisine, WC, salle de bain, sellier). Dans les autres pièces, une aération vers l’extérieur doit être présente pour permettre à l’air de rentrer dans le logement. L’air est donc renouvelé par balayage à travers toutes les pièces.
En plus d’une ventilation fonctionnelle continue, il faut procéder à l’aération quotidienne de son logement pendant 10 minutes.
Toutes ces sources contribuent à irriter les voies respiratoires, favoriser l’hypertension, le diabète et sont donc considérées comme facteurs aggravant lors de la contagion par le COVID-19.
L’impact sanitaire du COVID-19 aggravé par la pollution de l’air
Le virus COVID-19 est un Syndrome Respiratoire Aigu Sévère-Coronavirus (SRAS-CoV) qui provient plus précisément du coronavirus SARS-CoV-2.
En 2003, une étude publiée dans la revue scientifique de santé publique Environmental Health a analysé le lien entre la pollution de l’air et les cas létaux de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) (qui regroupe tous les SRAS-CoV, y compris le COVID-19) en République populaire de la Chine. Il a été constaté que les patients contaminés vivant dans des régions modérément polluées avaient 84% plus de risques de décéder que les patients de régions peu polluées. De même, les patients vivant dans les régions avec des niveaux de pollution élevés avaient deux fois plus de risques de décéder du SARS par rapport à ceux vivant dans les régions peu polluées.
Une très récente étude d’Harvard, publiée le 4 avril 2020, va dans le même sens. Elle a été faite sur plus de 3 000 communautés de communes aux Etats-Unis. Elle met en évidence que les zones les plus à risques en termes de complication respiratoire et taux de mortalité liées au virus sont les zones où la pollution aux particules fines sont les plus importantes.
Toujours d’après cette étude, une différence de 1 microgramme par mètre cube de la concentration en particules PM2,5 augmenterait le taux de mortalité de 15%.
Ces études ont été établies par rapport à la pollution extérieure, mais l’air intérieur impacte tout autant sur la santé.
En conclusion
Dans la lutte contre l’épidémie, la qualité de l’air est un sujet à part entière à prendre très au sérieux. En effet, une bonne gestion de la qualité de l’air intérieur est indispensable pour préserver la santé des occupants, mais également limiter l’impact que le virus pourrait avoir sur les personnes infectées. Nous devons prendre au sérieux le fait que la fin du confinement ne doit pas signifier redémarrage intensif de l’économie et donc des émissions de polluants pour « rattraper » la perte de productivité.
Cela serait défavorable à plusieurs points de vue :
- Le risque de complications liées à la contamination au coronavirus ;
- Le risque de rebond de l’épidémie lié à une contamination par l’air ;
- Le risque de complication lié à des maladies chroniques telles que l’asthme, les insuffisances cardiaques et respiratoires, les allergies ;
- Le risque de développer des maladies graves telles que des cancers.